Pour se protéger du froid, l’homme de Neandertal ou de Cro-Magnon utilise les peaux d’animaux à poil laineux qu’il coud ensemble. Mais c’est au néolithique -ou nouvel âge de la pierre-, avec la sédentarisation, à l’apparition de la culture et de l’élevage, plus de 5000 ans av JC, que les animaux sont tondus et la laine, filée, puis tissée. Les bêtes domestiques procurent la laine qui est filée à la main sur un fuseau avec une fusaïole : disque percé dont le poids assure la rotation régulière du fuseau. Le fil est ensuite tissé sur des métiers dont l’on a conservé les pesons, petits poids qui permettent d’assurer la tension des fils de laine. La laine peut, ensuite, être teintée grâce à des colorants naturels issus de plantes, graines, fruits, fleurs, racines ou substances animales.
La laine utilisée à la confection de tissu
Au cours du temps, la laine va être utilisée à la confection de tissu pour les vêtements, la tapisserie, les couvertures et dessus-de-lit. Et en gar-nissage des matelas et de toute sorte d’objets comme des poupées ou des rembourrages, elle est souvent mélangée avec du crin. La laine est un excellent isolant qui peut être utilisé dans l’isolation des maisons. C’est un produit totalement écologique, renouvelable tant que vivront des moutons. Même les parties de laine crottées peuvent être, pour leur part, utilisées au jardin, à la fois comme protection des cultures contre le gel, contre la pousse de mauvaises herbes ou bien, encore, comme engrais et humidificateur. Le marché de la laine est peu organisé en France. Les filatures préfèrent importer de la laine de Nouvelle-Zélande, ce qui est fort dommageable pour l’équilibre du commerce extérieur français.
LA TONTE, UNE NÉCESSITÉ POUR LE BIEN-ÊTRE ANIMAL
La laine du mouton est une fibre dont la pousse est continue. Une laine non tondue se transforme en cocon de laine feutrée, humide, qui moisit et accueille de nombreux parasites : tiques, larves de mouches… La laine est un excellent isolant. Mais, en épaisseur trop importante, en période estivale, elle peut provoquer un coup de chaleur pour le mouton en empêchant l’évaporation de la sueur.
Non, le mouton n’a pas mal
La méthode de tonte pratiquée par les professionnels permet à l’animal de se laisser aller et de ne pas trouver d’appuis pour se relever. Le mouton n’est pas entravé. Il est donc libre de ses mouvements. Le tondeur n’utilise pas la force pour contenir l’animal et on constate que le mouton est tranquille. Les moutons doivent être tondus à jeun. Cela évite que la panse ne comprime les poumons et rende la position du mouton inconfortable. Les coupures sont rares et, pour la plupart, superficielles. Elles sont soignées immédiatement. Au-dessus de 10°, un mouton fraîchement tondu et en bonne santé n’a pas froid, à condition qu’il ne soit pas mouillé ou en plein vent. Si la tonte est utile à l’homme, pour collecter une matière première naturelle aux qualités uniques, elle est surtout une condition du bien-être animal, indispensable à sa bonne santé.
TONDEUR, UN MÉTIER PHYSIQUE ET TECHNIQUE
Le métier de tondeur professionnel est revendiqué, en France, par environ 200 tondeurs regroupés au sein de l’Association des Tondeurs de Mouton, ATM, seule structure, totalement indépendante, regroupant les professionnels.
Elle a 3 principaux secteurs d’activité :
La formation des aspirants tondeurs par des tondeurs instructeurs
L’organisation de concours de tonte nationaux et internationaux
La publication d’une revue professionnelle « Déshabillez-moi »
Le métier de tondeur ne demande pas spécialement une force phénoménale mais, plutôt, une bonne endurance au travail physique, une souplesse du dos et de toutes les articulations, un bon contact social.
La technique de tonte la plus utilisée, et préconisée par l’ATM, est la méthode «bowen» dite «méthode néo-zélandaise». L’ATM consacre l’édition d’un petit livret, fourni aux stagiaires lors des stages d’initiation de tonte. Cette méthode allie au mieux l’efficacité du travail sur toutes les races ovines, le respect de l’animal et l’aisance du tondeur (diminution de la fatigue). Elle rend également le tri et le ramassage de la laine particulièrement facile.
UN MÉTIER À DISCIPLINE SPORTIVE
En 1958, en Nouvelle-Zélande, un groupe de jeunes éleveurs de moutons a eu l’idée d’organiser un concours de tonte. Les tondeurs de toute l’Ile au Nuage Blanc sont venus rivaliser de vitesse et d’adresse. Devant le succès et l’engouement du public, Laurie Keats, Iain Douglas et Graham Buckley organisent, en 1961, le premier Golden Shears, au Memorial Stadium, à Masterton. La foule qui s’y presse est immense, et les plus grands tondeurs participent à ce concours que retransmet la télévision. Des inter-défis entre la Nouvelle-Zélande et l’Australie sont organisés. Des sponsors majeurs arrivent, attirés par la médiatisation, et, en 1977, un premier championnat du monde est organisé. Le Golden Shears World Council, créé en 1980 par la Nouvelle-Zélande, l’Australie et la Grande Bretagne, en codifie les règles et en assure la maîtrise. Depuis, tous les 2 ans, un Championnat du monde de tonte est organisé.
Des tondeurs français, sous la bannière de l’ATM, participent à ces championnats qui sont organisés, pour la plupart, dans l’hémisphère sud. Pour l’instant, même s’ils en étaient aux portes, aucun français n’a encore été en finale lors de ces championnats du monde. Néanmoins, le niveau français a fortement augmenté grâce aux échanges de travail et à la participation à de nombreux concours à l’étranger. En parallèle, l’ATM organise, sur tout le territoire national, des concours de tonte, afin de faire connaitre la discipline et le métier, ainsi que, chaque année, un championnat de France.
La France n’avait jamais organisé de Mondial ni été candidate à l’organisation. Ce n’est plus le cas désormais ! Les tondeurs de moutons ont créé, le 8 décembre 2015, l’Association pour le Mondial de Tonte de Mouton, AMTM, pour porter la candidature de la France devant le Golden Shears World Council, lors des prochains championnats du monde qui se tiendront à Invercargill (Nouvelle-Zélande) les 9, 10 et 11 février 2017. Près de 150 adhérents, basés dans toute la France, soutiennent d’ores et déjà ce projet. Le Dorat a peut-être un avantage sur l’Irlande du Nord : la communauté de commune Basse Marche a près de 10 fois plus de moutons au km² que d’habitants, tout comme en Nouvelle-Zélande….
LE DORAT, CANDIDATE A L’ORGANISATION
Toute une région qui s’est mobilisée derrière l’AMTM
C’est toute une région qui s’est mobilisée derrière l’AMTM et son président, Christophe Riffaud, tondeur professionnel, compétiteur et champion de France, pour promouvoir la candidature de Le Dorat, Haute-Vienne, pour l’organisation du Championnat du Monde 2019. Christophe Riffaud est persuadé de la pertinence de cette candidature. C’est une équipe rodée qui s’attaque à ce challenge car elle a déjà organisé ce Concours International du Dorat en 2013, avec succès. L’évènement avait alors accueilli, sur deux jours, 150 tondeurs et plus de 10.000 visiteurs en provenance de toute l’Europe, et impliqué plus de 60 partenaires et 140 bénévoles. Cette candidature a reçu le soutien, outre celui, moral, de plusieurs personnalités politiques dont le Ministre de l’Agriculture, le maire de la ville du Dorat, le Président de la Communauté de communes Basse Marche, de Catherine Beaubatie, Député de Haute-Vienne, de Marie-Françoise Perol-Dumont , Sénatrice de Haute-Vienne et Députée honoraire, de Jean-Claude Requier, Sénateur du Lot et de nombreux sponsors privés(1). Ces soutiens financiers ont permis de réunir les 50.000 € nécessaires au dépôt de candidature qui sera présentée, en février 2017, en Nouvelle-Zélande.
Un événement d’importance
Les meilleurs tondeurs de chaque nation s’affrontent dans 3 catégories : Tonte ciseaux, Tonte machine, Tri et ramassage de laine. Les compétiteurs sont jugés sur leur rapidité mais, aussi, sur la qualité de tonte. Dans chaque édition, ils sont plus de 300 tondeurs à participer au championnat du monde. Un tel concours nécessite plus de 5.000 moutons à tondre, de qualité et morphologie homogènes. Même si l’engouement, en France et en Europe, n’est pas aussi important que dans l’hémisphère sud et dans l’hémisphère nord, ce sont plus de 30.000 visiteurs qui seront néanmoins attendus. C’est un budget de 600.000 € qui sera nécessaire à l’organisation de ce Championnat du Monde.
De nombreux partenaires ont déjà rejoint l’AMTM. D’autres la rejoindront tout naturellement si la candidature du Dorat est retenue. Cet événement, lieu de rencontre entre les professionnels et le grand public, aura forcément un retentissement national, voire européen car ce championnat du monde n’a jamais été organisé en Europe.
Le programme
Si la candidature du Dorat est retenue, le Mondial se déroulera du lundi 1er au dimanche 7 juillet 2019.
– Lundi 1er juillet : Accueil des délégations et Speed Shear (spectacle de vitesse de tonte) à Limoges
– Mardi 2 juillet : Entrainement des tondeurs en élevages aux alentours du Dorat et briefing des juges
– Mercredi 3 juillet : Journée de visites et briefing des compétiteurs
– Jeudi 4 juillet : Championnat de France homme, éliminatoire du concours international, cérémonie d’ouverture
– Vendredi 5 juillet : Championnat de France Femme, 1er tour du championnat du Monde, repas de Gala
– Samedi 6 juillet : Demi-finale et finale du concours international, 2 e tour du Championnat du Monde
– Dimanche 7 juillet : 3e tour, demi-finale et finale du Championnat du monde, podiums
Tout autour des infrastructures nécessaires à l’organisation des compétitions, différentes animations seront proposées, parmi lesquelles un village exposant et un village de la laine, des stands de produits régionaux, des présentations de races ovines françaises, des démonstrations de chiens de troupeaux, des lieux de restauration,…
DPresse Championnats Monde Tonte de Moutons